Le Cimeterre et l’Épée by Simon Scarrow

Auteur:Simon Scarrow [Scarrow, Simon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique, Malte, Littérature anglaise
ISBN: 1028113676
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2021-06-29T22:00:00+00:00

Chapitre 26

— Trente-cinq mille hommes, dites-vous ?

La Valette passa lentement la main dans sa barbe alors qu’il assimilait le rapport d’interrogatoire du colonel Mas. Le grand maître se tenait avec ses officiers sur le bastion attribué aux chevaliers de la langue de Castille, l’une des positions les plus solides dans la ligne de défense qui protégeait Birgu. Thomas avait été convoqué à la première heure. Pendant la nuit, les Turcs s’étaient déployés sur un vaste arc de cercle autour de Birgu et Senglea, leurs progrès ponctués par le ballet des torches et le bruit des ordres criés dans l’obscurité. L’aube avait révélé l’ennemi en formation, juste hors de portée des canons montés sur les remparts.

Alors qu’une lumière pâle baignait l’île, les Turcs étaient tombés à genoux à l’appel de leurs imams. La psalmodie des prières parvenait distinctement aux oreilles des chrétiens postés sur les murs et les bastions des deux promontoires. Rendus muets par le spectacle de la horde alignée contre eux, ils regardaient avec appréhension la débauche de couleurs et l’éclat des armes dans les rangs serrés qui s’étalaient à travers tout le paysage. En hauteur derrière les formations ennemies, Thomas vit les ingénieurs turcs en train de niveler le terrain pour accueillir les batteries de l’artillerie. Chaque pièce débarquée la veille avait été remontée à force de bras depuis la côte. Bientôt, elles seraient en position, prêtes à bombarder les défenseurs, bien que les Turcs paraissent assez arrogants et enthousiastes pour vouloir prendre d’assaut les remparts sans le soutien de leurs canons.

— Oui, monsieur, confirma sombrement Mas. Et ils attendent une force supplémentaire de dix mille hommes, sous le commandement de Dragut.

La mention du chef de guerre corsaire sembla inquiéter les autres conseillers. Les navires de Dragut avaient semé la terreur et la destruction dans les ports et sur les routes commerciales de la Méditerranée. Il avait fait enlever des dizaines de milliers de chrétiens chez eux pour les vendre comme esclaves. Ceux qui le suivaient étaient tous des hommes d’expérience, prêts à se battre aussi farouchement que le plus dévot des fanatiques musulmans, mais plus attirés par le pillage que motivés par la foi.

— Avec Dragut, cela représente un total de quarante-cinq mille combattants, continua Mas. Ajoutez environ une centaine de canons de calibres divers, un millier d’ingénieurs et des engins de siège en abondance. Quant à leur flotte, elle ne comprend pas moins de deux cents navires de guerre. Non seulement l’ennemi nous est largement supérieur en nombre, mais il dépasse également n’importe quelle force que don Garcia serait en mesure de rassembler en Sicile.

— Quel est le dernier compte de notre effectif ? demanda La Valette.

Mas consulta brièvement ses notes.

— Moins de sept cents chevaliers, mille deux cents mercenaires italiens et espagnols, et cinq cents soldats des galères. Peut-être deux cents volontaires grecs et siciliens, et quatre-vingt-dix écuyers. Sans oublier la milice. Nous avons eu de la chance puisque, au dernier rapport, plus de cinq mille insulaires ont pris les armes – beaucoup plus que notre estimation.

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